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« L’Union européenne doit ramener la Hongrie au respect de ses obligations »

Tout est bien qui finit bien. Ou presque. Annoncé comme celui de tous les dangers, le Conseil européen des 14 et 15 décembre 2023 s’est finalement terminé sur une note de soulagement. Viktor Orban, le premier ministre hongrois, est opportunément sorti de la salle de conférences, à l’invitation du chancelier allemand Olaf Scholz, pour aller prendre un café. En son absence, les vingt-six autres chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé d’ouvrir les négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne (UE).
Viktor Orban avait pourtant claironné, durant les semaines précédentes, qu’il mettrait son veto non seulement à une telle décision, mais aussi à l’attribution à Kiev d’un paquet de soutien à hauteur de 50 milliards d’euros sur les quatre années restantes du budget pluriannuel de l’UE.
Ces annonces avaient déclenché un ballet de démarches visant à l’amadouer. Un déplacement à Budapest du président du Conseil européen, Charles Michel, un dîner en tête à tête avec le président français, Emmanuel Macron, à l’Elysée, une réunion ad hoc avant l’ouverture du sommet avec les mêmes plus la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le chancelier allemand ne semblaient pas, cependant, avoir suffi à lever les incertitudes.
La Commission avait également, et opportunément, annoncé, la veille même du Conseil, qu’elle libérait 10,3 milliards d’euros de fonds européens jusque-là retenus au titre du contentieux, ancien, avec la Hongrie, sur le respect de la règle de droit dans ce pays. M. Orban lui-même a nié avec énergie qu’il y ait la moindre relation entre cette décision et les positions hongroises sur les points à l’ordre du jour du Conseil.
Le soulagement confinait à l’euphorie au matin de cette nuit agitée, que Charles Michel a saluée avec emphase comme « un moment historique qui prouve la crédibilité, la force de l’Union européenne ».
Certes, le premier ministre hongrois a maintenu son veto sur l’aide à l’Ukraine, mais on s’est consolé, rapidement, en renvoyant cette question vers des procédures d’aide bilatérale, plus complexes, il est vrai, mais que la technocratie bruxelloise sait parfaitement orchestrer. Ce sera d’ailleurs à l’ordre du jour du prochain Conseil européen, le 1er février.
On apprendra que cet épilogue nocturne relevait d’une mise en scène très chorégraphiée pour éviter un échec lourd de conséquences à une UE confrontée à une guerre sur le continent. Le premier ministre hongrois s’était en effet laissé convaincre de feindre une pause-café pour permettre aux vingt-six autres chefs d’Etat de prendre une décision qu’il qualifiera d’ailleurs, ensuite, d’« insensée, irrationnelle et erronée ». Au centre du jeu européen pendant une semaine, il rentrera à Budapest auréolé de prestige. Pour autant, loin de sanctionner un dénouement heureux, cette mauvaise pièce installe dans la machinerie européenne une logique pernicieuse.
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